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INTERVIEW |
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Cyril MORIN |
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© Photo : David Helman |
Propos recueillis par Maryline Richer - Interview du 10 Novembre 2003 pour www.citeartistes.com
Acteurs, réalisateurs, chanteurs se succèdent dans la Cité des artistes. Aujourd'hui, c'est un musicien de talent qui nous fait l'honneur de sa visite. C'est au cours d'une soirée consacrée au réalisateur Henri Helman que nous l'avons rencontré. En effet, on doit à Cyril Morin les musiques des grandes séries à succès de ce réalisateur : "L'institutrice", "Tramontane" et "Méditerranée". Cyril a également composé de nombreuses musiques de films parmi lesquelles "Ayurveda" et "Samsara", film diffusé récemment sur Canal +. Ce passionné de musique vient aussi de sortir un album "Western Pansori". C'est l'occasion de vous le présenter.
Qu'est ce qui t'a donné envie de faire de la musique ?
- J'ai presque toujours fait de la musique. Je ne me suis jamais posé la question. A l'origine, il y a un besoin vital de création. J'ai fait aussi beaucoup d'art plastique, mais c'est la musique qui l'a emporté.
Un rêve de gosse ?
- Plutôt un rêve d'adolescent. C'est là où j'ai découvert toute la musique pop de la fin des années 70 : le jazz et la liberté qui régnait à cette époque. J'ai eu la chance de connaître la queue de la comète (les grands groupes). C'est vrai que toute ma motivation vient de cette époque.
Quelle est ta formation musicale ?
- J'ai commencé à apprendre la musique à l'âge de 6 ans, dans une école de musique puis au Conservatoire. Le Conservatoire m'a vite ennuyé. J'ai pris ensuite des cours de guitare classique puis je suis revenu au Conservatoire plus tard pour faire du piano. J'ai repris des études assez tard, en autodidacte. Je n'ai pas un parcours "classique".
Au départ, la musique était-elle pour toi un simple loisir ou as-tu toujours eu l'intention d'en faire ton métier ?
- Plutôt qu'un métier, en faire ma vie a très vite été une évidence. Quoique j'ai essayé de faire à côté, je suis toujours revenu à la musique. C'est ma ligne de vie et c'est ainsi que j'ai rencontré des personnes extraordinaires.
Comment as-tu débuté professionnellement ?
- J'ai commencé par donner des cours de guitare à des enfants ou des étudiants. Ensuite j'ai fait de la scène pendant 4 ans avec tous les groupes possibles et imaginables. J'ai quand même monté un groupe qui a bien marché. On a fait de la radio, de la télé, un clip et puis, comme tous les groupes, on est tous partis de notre côté. J'ai ensuite répondu à des commandes en pubs, chansons, jingles... pendant une dizaine d'années. Ce qui a constitué mon apprentissage professionnel. Ensuite, j'ai décidé de revenir à l'étude plus approfondie de la musique et apprendre le travail avec l'orchestre. Comme rien n'était organisé pour des gens comme moi, je me suis débrouillé en allant directement voir les musiciens, comme JY Altenburger ou Serguei Celibidache. J'ai aussi assisté à des cours du Conservatoire national, à L'Ircam, avec Pierre Boulez... Tout ça n'a pas de fin et j'ai vécu quelques années comme un étudiant.
Tu as composé beaucoup de musiques de films. Est-ce un choix ?
- Au départ, j'ai suivi des réalisateurs avec qui j'avais travaillé dans d'autres domaines. C'est plutôt les autres qui m'ont convaincu que ma musique appelait des images. Au départ, je pensais faire de la pop et j'ai atterri là par hasard, pour ma plus grande chance. Grâce aux films, je suis retourné faire des orchestrations dans la pop.
Es-tu particulièrement attiré par le Cinéma ?
- J'ai toujours vu des films dès que j'ai pu et je continue à voir plusieurs films par semaine. Je suis un cinéphile depuis toujours. L'univers du Cinéma me plait et j'aime faire partie d'un film. J'aime les histoires, en fait !
Qui te contacte pour faire des musiques de films ? Les réalisateurs ?
- En général, ce sont les réalisateurs. Soit parce que je les connais, soit par le bouche à oreille. Les producteurs ont aussi une grande influence maintenant, ce qui nous rapproche du système anglais et américain.
As-tu une méthode de travail particulière ?
- J'aime me plonger dans l'esprit du film, de l'histoire et du réalisateur. J'aime aller à l'origine des choses, quitte ensuite à m'en éloigner. Je m'imprègne de la géographie, de l'époque et de la psychologie. C'est de là que vient la musique du film. Cela doit se faire tout seul et la moitié du travail, pour moi, a lieu au premier visionnage. C'est là que les idées me viennent.
Etant donné le contenu de notre site, la plupart de nos visiteurs sont des passionnés de fiction et de séries TV. Il est donc intéressant de reparler avec toi des grandes sagas de TF1 comme "Tramontane", "Méditerranée"... pour lesquelles tu as composé toutes les musiques. Quel souvenir gardes-tu de ces expériences pour la télévision ?
- Une grande expérience, car quand on a fait ça, on peut faire beaucoup de choses. C'est déjà un vrai choc de faire son premier 90 minutes... Alors, lorsqu'il s'agit de 5 fois 90 minutes !!! Ces séries ont été un véritable échange avec Henri Helman, et je crois que "Méditerranée" a été une expérience marquante. Il y avait beaucoup de scènes tournées en musique et j'ai dû être présent sur le tournage. Cela a facilité la composition qui s'est faite en parallèle avec le montage, faute de temps.
Est-ce que ces séries à succès t'ont apporté beaucoup de contacts et de nouvelles opportunités ?
- Avec mon expérience en télévision et en Cinéma, il est sûr que mon travail a été vu. Maintenant, nous devons recommencer tous les jours, car il faut se dépasser et prouver qu'on n'est jamais resté à la même place. Cela me convient très bien car je n'aime pas me répéter. Je fais de la musique pour des raisons artistiques et pour m'améliorer sans cesse.
Tu viens de sortir un album, cette fois, beaucoup plus personnel... Peux-tu nous en parler ?
- Cet album "Western Pansori" (sorti chez Milan) est très important pour moi. C'est un résumé de tout ce que j'ai fait ces dernières années, entre le grand orchestre, les instruments traditionnels, l'utilisation de l'électronique et de la technologie. Cela reflète ma personnalité et mes recherches. Il a été très bien accueilli par la presse, aussi bien celle branchée musique, que la presse télévision ou cinéma. C'est assez important pour moi d'affirmer des choses, seul, sans la compagnie d'un film. Cela me fait prendre du recul pour mieux revenir vers l'image. Le cours de l'album a quand même souvent changé en fonction des films en cours.
Depuis combien de temps travaillais-tu sur ce projet ?
- 3 ans, car en 3 ans, j'ai travaillé parallèlement sur environ 20 films ou projets. C'était très dur de revenir chaque fois et recommencer. C'est là où ma casquette de producteur est importante pour secouer le compositeur.
En général, comment te vient l'inspiration ?
- L'image me donne des idées musicales, mais aussi le travail des autres. J'écoute beaucoup de choses et mon oreille est mon principal guide. Je n'hésite pas à m'influencer de ce qui existe déjà, un peu comme un peintre. A moi de me l'approprier et d'en faire quelque chose de personnel. C'est le principe d'une éponge. Je trouve aussi une source d'inspiration dans la peinture, et ce n'est pas loin de l'image, du film. C'est ma vraie récréation.
Avais-tu déjà chanté auparavant ?
- J'ai pratiquement commencé comme chanteur, mais je ne me trouvais pas très bon. Malgré la scène et les singles, je ne me qualifie pas de chanteur. Disons que... j'ai fait une voix. Par contre, j'aimerais aller un peu plus loin sur un prochain album. J'y réfléchis. En tout cas, je considère la voix comme un instrument parmi tant d'autres, et c'est certainement ce que l'on remarque dans mon nouvel album.
Est-ce que tu aurais aimé faire une carrière de chanteur ?
- Avant, oui. Aujourd'hui, franchement... Non ! D'ailleurs, j'ai arrêté quand j'ai atteint un certain but, c'est-à-dire de faire de la télé ou des interviews dans les années 80. Je me suis aperçu que ma place était dans le studio, le laboratoire, plutôt que dans la promotion. Aujourd'hui, c'est différent. J'ai plus d'expérience. Ce que j'ai à défendre m'appartient et me plait, et je ne me vois pas tomber dans les pièges tendus aux jeunes qui démarrent, et qui souvent sont bien éloignés de la musique proprement dite. Alors, si je défends une chanson maintenant... Ca sera d'une façon originale.
Toi qui travaille dans un tout autre circuit, que penses-tu des émissions de variétés actuelles et de ce phénomène de télé réalité ?
- Il y a un côté formidable dans le fait d'apprendre des choses et de montrer que rien n'est simple, que c'est un travail de tous les jours. L'aspect vraiment négatif est qu'il n'y a aucun développement de la personnalité musicale de chacun et qu'aussi bien vocalement que physiquement, chacun s'emploie à singer quelque chose qui existe déjà. C'est donc une tromperie totale, car dans un premier temps, il ne peut sortir de là que des clones. C'est du commerce qui éclipse totalement ceux qui ont une personnalité. C'est un formatage mais ce phénomène a toujours été là.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune, passionné de musique et désireux d'en faire son métier ?
- Je dirais que la solution passe d'abord par des problèmes artistiques. Il faut faire des expériences mais surtout tenter une voie personnelle. A long terme, c'est le seul moyen pour être reconnu comme étant unique. Beaucoup veulent être chanteurs pour être connus et régler ainsi leurs problèmes d'ego. C'est un peu facile de dire ça, mais je pense qu'il faut servir son art et non pas se servir de l'art. C'est différent et ça n'est pas évident à appliquer tous les jours. Enfin, je dirais que l'essentiel est de faire des choses.
A part la promotion de ton album, quels sont tes projets actuellement ?
- Le plus gros a été fait sur cet album, même si maintenant je suis la promotion en Angleterre et aux Etats-Unis où il va sortir. Je suis en train de produire l'album d'une chanteuse Indienne, à mi-chemin entre le traditionnel et la pop. Là aussi, je cherche un son original. Je viens de terminer deux documentaires très différents, l'un réalisé par Bruno Betleheim, sur un patient autiste qui s'en est sorti, et l'autre sur les plus beaux chevaux du monde, vus par Yann Arthus Bertrand. Parmi les projets, plusieurs long métrages entre 2004-2005... Début 2004, je commence un nouvel album solo et cela peut prendre beaucoup de temps. Je ne m'avance pas pour sa sortie.
Merci Cyril. Nous serons patients en ce qui concerne cet album, mais en attendant, voici l'occasion de faire découvrir à nos lecteurs, ton petit dernier...
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