Interview du 20 novembre 2006
Propos recueillis par Maryline Richer
Entre Cinéma, théâtre et télévision, Philippe Torreton enchaîne les rôles.
Entré au Conservatoire en 1987, il intègre ensuite la
Comédie française... En 1991, il débute au Cinéma dans "La Neige et le feu". En
1992, Bertrand Tavernier l'engage dans "L.627", puis dans "L'Appat"
sans oublier ce fameux
"Capitaine Conan" qui lui vaut le César du meilleur acteur en 1997.
Depuis octobre 2006, il est à l'affiche du film "Le grand Meaulnes" dans lequel
il joue le père de Jean-Baptiste Maunier. On le retrouvera ensuite dans le rôle
de Colbert, aux côtés de Lorànt Deutsch dans le film de Daniel Vigne "Jean de la
Fontaine". A la télévision, Philippe Torreton a endossé des rôles prestigieux
comme celui de "Jaurès" ou celui de Robert d'Artois, héros de la mini-série de
France 2 "Les Rois maudits". Aujourd'hui, c'est sur le tournage de "Deux amis"
que je vous propose de le rejoindre exceptionnellement, au Palais royal, à quelques pas de la Comédie française !
Dans "Deux amis" de Maupassant en tournage pour
France 2, vous voici réunis avec Bruno Putzulu... Vous vous connaissiez déjà ?
- Oui, Bruno est un ami de longue date et pourtant
jusque là, nous avions très peu travaillé ensemble. C'est d'autant plus drôle de
nous retrouver dans ce film dont l'action se déroule entre Paris et la
Normandie, région dont nous sommes tous deux originaires et où nous nous sommes
rencontrés, avant le Conservatoire ! C'est donc un bonheur de nous
retrouver dans cette aventure.
C'est ce qui vous a donné envie d'accepter ce rôle
?
- C'est l'une des raisons, mais il y en a beaucoup
d'autres. J'adore Guy de Maupassant. J'ai lu pratiquement toutes ses oeuvres.
J'aime son écriture et ce qui s'en dégage : la cruauté, la peur, l'étrange, et
cette précision d'atmosphère qu'il décrit en quelques mots. Sauvage et Morissot,
nos deux personnages sont des êtres médiocres au destin tragique. Ils sont
fusillés au moment où leur amitié se noue. Dans chaque nouvelle, Guy de
Maupassant nous alerte sur la mesquinerie humaine.
On vous a vu dans "Capitaine Conan", dans
"Napoléon", dans "Les Rois maudits"... Avez-vous une préférence pour ces
films d'époque ?
- Non, j'ai des goûts assez hétéroclites et j'aime
tout autant les personnages contemporains. J'apprécie la nouveauté d'un rôle et
j'essaie de diversifier le plus possible. L'avantage des hommes historiques est
de nous faire mieux comprendre une époque et de nourrir notre curiosité. Dès que
l'on porte le costume, on rentre dans le personnage. Quand on doit jouer un
homme d'aujourd'hui, en jeans et en baskets, on se pose souvent davantage de
questions.
On vous voit au Cinéma, au Théâtre et à la
Télévision. Avez-vous une préférence ?
- Non, j'aime l'alternance. Je me sentirais très
handicapé si j'étais obligé de ne faire que du théâtre ou que du Cinéma. Ma préférence va plutôt vers le choix des rôles
et les gens avec qui je travaille. A la télévision, je ne tourne qu'avec des
metteurs en scène en qui j'ai confiance. Le temps de tournage étant relativement
court, je préfère ne pas prendre de risques. Je n'avais encore jamais travaillé
avec Gérard Jourd'hui mais je savais d'avance que tout se passerait bien. Le
tournage tire à sa fin et tout se déroule au mieux, comme vous pouvez
le constater.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir
comédien ?
- Ce
choix de faire du théâtre m'a été imposé par ma mère pour m'aider à vaincre ma
timidité.
Et vous avez tout de suite pris goût au théâtre ?
- Au début, j'étais un peu tiraillé entre la peur et le
plaisir. Mais j'ai su assez vite que je voulais en faire mon métier.
Et maintenant, seriez-vous attiré par d'autres
métiers ?
- Pas du tout ! J'aime trop la vie
qui en découle, l'absence d'habitudes, l'ambiance... Je déteste la routine et je
ne connais aucun métier qui apporte autant de diversité.
Vous remontez bientôt sur scène ?
- Oui, je vais commencer à répéter avec Jean-Louis
Benoît en janvier la pièce "Du malheur d'avoir de l'esprit", un classique du
théâtre russe. C'est la première fois que cette pièce se joue en France. Nous
allons d'abord la jouer à Chaillot en mars puis nous partirons en tournée,
jusqu'en juin.
Vous avez d'autres projets qui vous tiennent à coeur ?
- Oui, la mise en scène de "Don Juan" au théâtre
Marigny à la rentrée 2007.
C'est votre première mise en scène ?
- Oui ! Je n'avais pas spécialement envie de
devenir metteur en scène mais particulièrement envie de monter
cette pièce-là.
2007 sera donc une année de théâtre ?
- Oui, mais si d'autres projets se présentent au Cinéma ou
à la télévision, je ne les refuserais pas. Tourner dans la journée et
jouer une pièce le soir, c'est un mode de vie que j'aime beaucoup.
Ce n'est pas trop fatigant ?
- Un tel emploi du temps demande une grande
hygiène de vie, mais une fois que la pièce est rodée, c'est très agréable.
En attendant la diffusion de "Deux amis",
nous invitons tous nos visiteurs à aller voir la pièce "Du malheur d'avoir de
l'esprit" au théâtre de Chaillot du 9 mars au 7 avril 2007, puis en tournée.