Interview du
1er Mars 2006
Propos
recueillis par Maryline Richer
Nominé aux Césars en
2003, Prix Jean Gabin en 2004, une cinquantaine de rôles en un temps record...
Et ajoutons à ce CV prestigieux quelques diplômes non négligeables... Le
parcours de Lorànt Deutsch est impressionnant mais le comédien a toujours gardé
le sourire et la spontanéité de ses débuts. Unique en son genre, on l'apprécie
autant pour son talent que pour sa personnalité. Avec une aisance remarquable,
il peut se glisser dans tous les rôles. Comblé entre Mozart et Sartre, le
comédien peut autant nous faire rire que nous émouvoir... A quelques jours de la
diffusion du téléfilm "Les Amants du Flore", rendez-vous avec l'acteur
prodige...
Incarner Jean-Paul
Sartre, ça fait quoi ?
- C'est impressionnant !
Quand on joue ce genre de personnage, on ne cherche pas à se confondre. On
s'amuse seulement à faire semblant. L'intérêt du film était de montrer un Sartre
différent de celui que l'on représente habituellement. A travers ce rôle, j'ai
surtout essayé de le rendre passionné, fougueux et le plus vivant possible pour
qu'il devienne intéressant aux yeux des téléspectateurs qui n'ont pas forcément
lu ses ouvrages et qui, bien souvent, ne connaissent pas sa vie...
C'est un vrai rôle de
composition. As-tu cependant quelques points communs avec lui ?
- Oui !!! Comme lui,
j'ai longtemps été complexé par ma taille. Il mesurait 1,56 m. Il était encore
plus petit que moi !!! Nous sommes certainement passés par les mêmes sentiments
d'infériorité et le même besoin d'éveiller l'attention des autres pour prouver
qu'on existe.
Dans "Les Amants du
Flore", Simone de Beauvoir est interprétée par la magnifique Anna Mouglalis...
Vous vous connaissiez déjà ?
- Non, pas du tout. Je
l'avais vue au Cinéma dans "Merci pour le chocolat". J'ai fait sa connaissance
sur le tournage... Elle a un côté intimidant mais la complicité s'est vite
installée entre nous. C'est une très belle rencontre.
A quoi attaches-tu le
plus d'importance quand on te propose un rôle ?
- Le scénario avant tout
! Je préfère un rôle anecdotique dans une grande histoire plutôt qu'un premier
rôle dans un film où il ne se passe rien d'intéressant. Bien sûr, lorsqu'on me
propose un grand rôle dans un beau film, c'est beaucoup mieux !
As-tu de nouveaux
projets ?
- Je continue "Amadéus".
Nous sommes en tournée jusqu'en juin. Je devrais enchaîner cet été avec le
tournage d'un long métrage mais c'est encore un peu tôt pour en parler...
Qu'est-ce qui t'a
donné envie d'être comédien ? Est-ce un rêve de gosse ?
- J'ai toujours eu un
tempérament assez démonstratif. A l'école, j'étais premier de la classe mais
cela ne m'empêchait pas de faire le mariole. Je me plaisais au premier rang
comme au dernier. J'ai découvert la comédie au centre culturel de
Sablé-sur-Sarthe, la ville où j'ai passé toute mon enfance. Mais l'envie d'en
faire mon métier est venue un peu plus tard.
Tu étais aussi
passionné de foot, à l'époque ?
- Oui ! J'étais tout
petit quand j'ai commencé à jouer au foot. A 12 ans, j'ai été repéré dans mon
club et j'ai reçu une proposition du F.C Nantes. Je suis donc parti à Nantes
dans le cadre de "Sport-études" mais au bout de deux ans, on m'a dit que je
n'étais pas fait pour cela !!! C'est à cette époque que je me suis réellement
tourné vers le théâtre. Je suis parti à Paris et j'ai suivi une copine à la MJC
du 13ème arrondissement. Là, j'ai pris véritablement goût pour la comédie.
Tu étais parti, tout
seul à Paris, à 14 ans ???
- Non !!! (rires)
J'habitais chez mes grands-parents.
Quand tu commences à
parler de Paris, de ses rues, de ses monuments, on ne t'arrête plus... A
l'école, étais-tu déjà passionné par l'histoire ?
- Non, malheureusement,
à l'école, on ne m'a pas donné envie d'aimer l'histoire et s'il existe de bons
profs, je n'ai hélas jamais eu la chance de les rencontrer. Quand je suis arrivé
à Paris, je suis tombé amoureux de cette ville. Depuis, c'est une vraie passion
!
Ton CV est
impressionnant... Une trentaine de téléfilms, une vingtaine de films au
Cinéma... Tu as démarré ta carrière très jeune mais tu as aussi obtenu une
licence de philo à la Sorbonne et une licence de civilisations orientales aux "Langues'O".
Peux-tu m'expliquer comment tu as réussi à concilier aussi brillamment les
études et la comédie ?
- J'alternais les deux,
tout simplement !
Bravo ! Cette
alternance est une parfaite réussite... Aujourd'hui, quel conseil donnerais-tu à
des jeunes qui veulent faire ce métier ?
- Je leur dirais de
prendre des cours. C'est le seul moyen de faire des rencontres, de monter des
projets et de pouvoir jouer.
Te souviens-tu de ta
toute première expérience devant les caméras ?
- C'était en 1990, dans
une série d'Olivier Langlois qui s'appelait "Les Intrépides". Je jouais un rôle
d'ado. Cette première aventure a duré environ un an.
C'est un bon souvenir
?
- Oui, je découvrais
l'univers des tournages. Ce fut le vrai déclic.
Entre le Cinéma et la
télévision, as-tu une préférence ?
- La durée de vie d'un
film est plus longue au Cinéma. Mais aujourd'hui, la télévision propose de
superbes téléfilms et c'est une vraie chance de pouvoir jouer dans des histoires
aussi passionnantes que "Les Amants du Flore" ou "Le Triporteur de Belleville".
Merci Lorànt...
Rappelons que tu es actuellement à l'affiche du film "Le Temps des porte-plumes"
mais aussi au théâtre dans "Amadéus" en tournée jusqu'en juin, sans oublier "Les
Amants du Flore" le 15 avril 2006 sur France 3... A
ne pas manquer !!!
Propos recueillis par
Maryline Richer
Interview du 1er mars
2006 pour
www.citeartistes.com
( Reproduction
interdite )